Georges Rousse à Santiago du Chili

Le Chili rend un bel hommage à Georges Rousse du 23 octobre 2013 au 19 janvier 2014, dans une grande rétrospective proposant une quarantaine d’œuvres de grande dimension. Organisée par Felipe Tupper, l’exposition se déploie sur deux sites : le MAC de Santiago de Chile et la Fondation ITAU.  

Pour cet événement, Georges Rousse a créé une installation ambitieuse : il s’agit de la réplique d’une architecture qui se trouve sur les plages de Ritoque (une région investie par des artistes chiliens dans les années 70, pour créer des lieux de vie en synergie avec la poésie, la peinture, la littérature…).

Georges Rousse a fait installer cette réplique dans la salle principale du MAC de Santiago, et l’a creusée d’une étoile anamorphique (visible comme telle depuis un seul point de vue).

La gageure, c’est que l’étoile sculptée est redoublée d’une étoile anamorphique peinte (en blanc) à l’intérieur de la maison,  qui montre que la sculpture n’est pas la seule à délimiter la figure, comme on peut le voir sur les photographies prises de biais.

Cette structure renvoie bien sûr à la Renaissance et aux anamorphoses, mais surtout, rend hommage au paragone, cette joute sur les mérites respectifs de la peinture et de la sculpture au XVIème siècle, et qui a donné des œuvres comme le David et Goliath de Daniele Volterra récemment installée dans la galerie de la Renaissance du Louvre (œuvre, qui comme celle de G. Rousse, est une peinture qui renvoie à la sculpture).

Mais il me semble que G. Rousse apporte, par cette installation, une dimension nouvelle à son travail. C’est par la photographie qu’il témoigne de la connivence de ces deux disciplines (peinture et sculpture). Or la photo renvoie au ready-made (qui use du réel objectif comme matériau). Et c’est par elle que s’opère la connivence de ces arts subjectifs(peinture et sculpture).

La force de ce travail, c’est d’articuler toutes ces disciplines au sein d’une maison (domus), comme si la fracture opérée par Duchamp entre arts indiciels (qui renvoient à l’indice, la trace objective du réel) et arts iconiques (qui renvoient à une interprétation subjective) y était comme domestiquée.

Ange Pieraggi
in ArtPress (décembre 2013)

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ArtPress

Décembre 2013

par Ange Pierragi